Interview de Mme Diaw Kadiatou Tall, présidente des femmes rurales de Ségou

 Interview de Mme Diaw Kadiatou Tall, présidente des femmes rurales de Ségou

Interview de Mme Diaw Kadiatou Tall, présidente des femmes rurales de Ségou

Parce qu’on mesure l’importance de la place des femmes rurales dans le développement du Mali et encore plus au niveau local, FemmePlus consacre sa première interview à la présidente de l’association des femmes rurales de la région de Ségou, Diaw Kadiatou Tall. Ségou est la région agricole du Mali par excellence et les femmes sont au four et au moulin dans les différents secteurs de l’agriculture, en l’occurrence.  Notre femme leader nous parle des femmes rurales.

Quelle est l’histoire de l’association des femmes rurales ?

Cette association a été créée en 2002, quand l’ex président du Mali  Amadou Toumani Touré a été à Koutiala et qu’il s’est aperçu que les hommes et les femmes travaillaient cote à cote. Il a alors décidé qu’à la prochaine assise de l’agriculture, les femmes aussi s’organisent pour avoir un groupe qu’on puisse appeler « femmes rurales ».

Comment votre association est-elle structurée ?

C’est une association qui commence à la base comme l’élection des chambres consulaires de l’APCAM (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali). Les paysans sont choisis au niveau du village ; ceux qui sont dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, la foresterie. C’est pour cela on dit agriculture avec un grand « A » parce qu’il y’a toute une filière à l’intérieur et chaque filière est dans son rôle.

La même élection se fait au niveau de la commune, du cercle. Et au niveau région, tout le monde se retrouve pour choisir une présidente qui fait partie de la Fédération Nationale des Femmes Rurales (FENAFER) qui est le sommet. J’étais dans le bureau local avant d’être élue présidente des femmes rurales de la région de Ségou lors de l’élection de 2015.

Ceux qui travaillent dans la transformation font-ils partie de l’association des femmes rurales ?

Normalement ceux qui sont dans la transformation font partie de la chambre des métiers. Les paysans, eux, relèvent de la chambre d’agriculture. Nous, nous produisons, transformons et vendons le surplus que les transformatrices viennent acheter. On travaille ensemble, on se complète.

Qu’est ce qui est plus difficile dans la gestion d’une telle association ?

Comme le dit un proverbe, on guide un troupeau d’animaux avec un seul bâton, mais pour guider des êtres humains, il faut un bâton pour chacun. Ce n’est pas facile, pas évident, les membres de l’association veulent tout avoir mais elles ne payent pas leurs cotisations. Chacune doit jouer son rôle. Dans une association, les cotisations doivent être payées.

L’agriculture nourrit-elle son homme ?

Bien sûr que l’agriculture nourrit son homme, avec la zone office riz, la zone exondée, ceux qui font le riz, le maïs etc. C’est une zone d’agriculture et d’élevage par excellence. Ce n’est pas tout le monde qui est agriculteur. Et la région de Ségou est le bassin de l’agriculture au Mali.

A quoi les femmes agricultrices sont-elles confrontées dans la région de Ségou ?

La loi d’orientation agricole dit que chaque fois qu’il y’a aménagement, les 15 % doivent être données aux femmes, aux jeunes et aux personnes vulnérables. Mais, je vous dis il faut  suivre et arracher cette part quand il y a aménagement, sinon vous l’avez pas.  Cette loi dit également qu’à chaque fois qu’il y’a aménagement, les femmes peuvent demander.

Les femmes sont dans les champs matin et soir. Les hommes font le labour mais tout le reste du travail est fait par les femmes : transporter, mettre dans le magasin…. Donc, il n’y a pas de raison qu’elles ne puissent pas avoir leurs champs.

A la suite de la loi 052 qui donne un quota aux femmes, nous avons fait venir des religieux, des chefs de village pour leur expliquer cette loi, et l’égalité homme-femme. Nous avons expliqué que c’est en travaillant ensemble que, femme et homme, nous pouvons y arriver.

Les femmes rurales ont demandé qu’à la prochaine élection des chambres consulaires de l’agriculture, les femmes soient présentes depuis la base. Mais les hommes font le tour, ils donnent de l’argent pour se faire élire.

Moi, au lieu de payer le million pour être dans une association, je préfère le mettre dans mon champ parce que je dois payer les semences, les travailleurs et tout.

Quelle est la contribution de l’Etat malien aux femmes rurales ?

L’année 2019, l’Etat a appuyé les agriculteurs qui sont connus, qui ont un champ dans la zone Office du Niger en leur fournissant des engrains parce qu’ils payent la redevance eau. Quand tu paies la redevance d’eau, on te donne un reçu. Et ceux qui ne sont pas dans cette zone ne peuvent pas en bénéficier, c’est là le problème. Raison pour laquelle, on a demandé que toutes les familles soient enregistrées et celui qui n’a pas de champ n’en fera pas partie. Mais même avec ça, c’est dommage, certains enregistrent ceux qui sont pas dans l’agriculture, ceux qui sont dans la transformation et autres ; tout ça pour pouvoir être élu au niveau des chambres consulaires de l’agriculture.

Mouna

Laisser une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

fr_FRFrench
fr_FRFrench