Le désespoir des migrants maliens en Algérie

 Le désespoir des migrants maliens en Algérie

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Lorsque vous apercevez un migrant malien (africain) en Alger, surtout un malien, dites-vous que son rêve s’est brisé là. Autrement, l’Algérie n’est une destination de choix des migrants maliens ; mais plutôt un pays de transit vers l’Europe. Toutefois, beaucoup y restent bloqués dans des conditions de vie difficile.

La vie de migrant à Alger

A Alger, quand vous voyez un cordonnier au coin de la rue, c’est, sans conteste, un malien. Ce métier est presque devenu l’identité de nos compatriotes ; et on ne peut pas dire qu’ils s’y épanouissent.

Dans une rue d’Alger, Adama Keïta s’active à raffistoler une paire de babouches usées sous les yeux attentifs de sa propriétaire, une femme mature visiblement pressée. Je m’approche du cordonnier svelte, âgé de plus d’une trentaine d’année, et lui dit « i ni sôgôma » (bonjour en bambara).

Il oublie sa tâche un temps, l’air à la fois surpris et content pour répondre « an ba ». Son intérêt pour la malienne que je suis, ainsi que ses questions montrent à suffisance que ce compatriote souffre du mal du pays (le Mali) qu’il a quitté depuis près d’une dix ans. Adama explique son pénible voyage de son Kita natal vers Alger dans la perspective de rejoindre l’Europe pour soulager la souffrance de ses parents et aspirer à une vie meilleure.

A 15 km de la banlieue ouest d’Alger, Mohamed vit dans une chambre unique en haut d’une maison à étage inachevée, sans balcon exposant à tout moment à une chute à la moindre inattention. D’autres colocataires africains (camerounais, béninois…) partagent cette habitation à risque avec leurs enfants.

Ce jour, le jeune malien de taille imposante, n’a pas mis le nez dehors craignant de se faire arrêter par la police. Conséquence, sans argent et n’ayant rien à manger, il se morfond dans sa chambre, ressassant sans cesse son rêve de rejoindre l’Europe via Alger, devenu cauchemar.

Témoignant sur son parcours, Mohamed confie qu’il a abandonné son commerce au grand marché de Bamako pour emprunter le dangereux voyage vers l’Europe à travers Alger et méditerranée. Avec sa situation stagnante et ses conditions financières désastreuses, ses fiançailles ont été rompues à Bamako

Comme beaucoup d’africains, son espoir a été brisé face aux mailles en béton érigées par les autorités algériennes dans le cadre de la lutte contre l’immigration.

En l’absence de documents administratifs nécessaires à la libre circulation sur le territoire algérien, de nombreux africains sont pris dans l’engrenage. Ils ne peuvent même pas retourner dans leur pays d’origine sans l’intervention de leurs ambassades.

Retour volontaire et refoulement

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Avec la crise de la COVID 19, des migrants maliens ont sollicité l’aide de l’organisation internationale pour les migrations et de l’ambassade du Mali à Alger afin de rejoindre leurs familles. Ainsi, en juillet 2020, l’OIM a affrété un vol spécifique pour le retour volontaire de 84 ressortissants maliens composés de 73 hommes, 7 femmes, 2 garçons, 2 filles.

L’Algérie procède, régulièrement, au refoulement des migrants maliens dans des conditions qui violent tous les droits humains. Une situation que dénoncent des associations humanitaires.

A la demande de l’Union Européenne, les Etats du Magreb, se sont engagés à combattre le flux migratoire des ressortissants subsahariens vers l’Europe. Des points de passage comme les îles canaris, le Détroit de Gibraltar, les enclaves espagnols, Lampedusa, sont alors « verrouillés » mettant davantage en péril la vie de nombreux migrants clandestins.

Mouna

Femme Plus

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