« Sauver l’année scolaire ? Nous souhaitons plutôt sauver l’école malienne », dixit le secrétaire à la presse et à l’information du SYNEB

Malgré la reprise des cours annoncée par le gouvernement pour le 2 juin 2020 pour les classes d’examen, l’école malienne n’a pas effectivement repris puisque les syndicats signataires de l’accord relatif à l’éducation n’y adhèrent pas. Conséquence : les écoles privées ont commencé, les publiques non ! Nous avons tenu un entretien avec Ibrahim AG Hamadalamine, Secrétaire à la Presse et à l’Information du Bureau Exécutif National du SYNEB (Syndicat National de l’éducation de Base), membre des syndicats signataires du 15 Octobre 2016.

Femmeplus : Rappelez-nous les causes de la grève des enseignants au Mali ?

Ibrahim AG : Les enseignants du Mali sont en grève pour le non-respect de la loi 2018…007 du 16 Janvier 2018 portant statut du personnel Enseignant du secondaire du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale en son article 39 qui stipule que » Toute majoration de rémunération faite au statut général s’applique de plein droit au présent statut du personnel Enseignant du secondaire du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. »

Femmeplus: Quels sont les points de blocage ?

Ibrahim AG : Il n’y a pas deux points de revendication, donc le point de blocage est le même, le gouvernement après avoir promis l’application de la loi le 4 Octobre 2019 à la Primature par le Dr Boubou Cissé et le 5 Octobre à koulouba lors des festivités de la journée internationale de l’enseignant le président de la République son Excellence Ibrahim Boubacar Keita a instruit à son gouvernement de tout mettre en œuvre pour l’application de la loi.

Le Gouvernement, au cours de toutes les négociations reconnaît la pertinence de la revendication et demande aux enseignants de les aider à torpiller une loi de la République, ceux que les enseignants ont toujours refusé parce qu’en républicain averti, nous ne réclamons que l’application des textes.

Femmeplus : Quelles sont les propositions faites par l’Etat aux enseignants ?

Ibrahim AG : Le Gouvernement a utilisé les moyens à sa disposition pour faire un abus de pouvoir en bloquant de façon injuste les salaires des Enseignants pendant 4 mois, les mensonges d’État sur les salaires des Enseignants au Mali et les menaces de tout type pour nous amener à l’usure. D’ailleurs notre dernière marche pacifique fut réprimée dans le sang. Le recrutement de 15000 volontaires en violation des conventions 87 et 98 de l’organisation internationale de travail avait pour but essentiel de saboter le mouvement en cours mais grâce à dieu et à la bravoure des militantes et militants des syndicats signataires du 15 Octobre, nous avons tenu et nous tiendrons contre vents et marées jusqu’à l’application de la loi.

Femmeplus :  Quelle est la position des syndicats grévistes ?

Ibrahim AG :  l’État veut nous ramener au statut général des fonctionnaires et nous ne l’accepterons point parce que c’est une loi de la République qui nous confère un traitement propre à nous. Notre position, nous nous confirmons aux lois qui régissent notre pays en général et à l’application stricte de celle qui nous concerne.

 Femmeplus : Peut-on encore sauver l’année scolaire ?

Ibrahim AG : Sauver l’année scolaire, nous nous voulons sortir de ce mécanisme ; nous souhaitons plutôt sauver l’école malienne. Quant à l’année scolaire 2019-2020, c’est après la résolution de la crise scolaire que nous allons avec tous les autres acteurs de l’école, voir dans la mesure du possible ce qui doit être fait cela demande beaucoup de concertations et nous devons tenir compte de beaucoup de paramètres.

 Femmesplus : Et l’attitude des parents d’élèves ?

Ibrahim AG : Bien ! Vous savez nous sommes des organisations syndicales responsables, avant d’entamer ce vaste mouvement de grève nous avons attiré l’attention de la société civile et de tous les acteurs politiques ; malheureusement le gouvernement nous a imposé ce combat et nous allons le mener à bout.

Quant à l’attitude des parents d’élèves, nous sommes nous-mêmes parents d’élèves, nous les saluons pour leur lucidité et le fait qu’ils aient compris le bien-fondé de cette lutte. Nous avons l’amour des enfants, enseigner c’est tout ce que nous savons faire et avec loyauté mais le gouvernement est le seul responsable de la crise que nous traversons.

 Femmeplus : Quel est l’impact de cette crise sur les rapports sociaux ?

Nos rapports avec nos compatriotes en général, nous sommes en location et nos locataires savent la crise que nous traversons, ils comprennent, avec les commerçants c’est le même mot d’ordre… Nous nous sommes battus grâce à Dieu. Nous sommes des Maliens après tout et nous sommes chez nous donc nous pourrons jongler encore et encore le temps que cela prendra.

 Femmesplus: Et sur le quotidien des enseignants ?

Ibrahim AG : Le quotidien des enseignants est très difficile aujourd’hui surtout au moment du blocage des salaires mais nous savions que nous avons à faire à un gouvernement qui tenait à nous humilier, à nous rabaisser ; par conséquent nous avons pris le devant en préparant nos militantes et militants à toutes ces épreuves, nous les avons invités à la résistance de passage permettez-moi de remercier nos familles.

Nous sommes prêts à traverser tout ce calvaire avec honneur, dignité et loyauté pour aboutir au résultat escompté, après nous allons chacun en ce qui le concerne gérer les conséquences.

Nous allons nous faire respecter dans ce pays parce que nous n’avons pas un agenda particulier comme d’autres, notre objectif c’est l’application de l’article 39 et nous utiliserons tous les moyens légaux pour atteindre cet objectif.

Nous saluons tous nos compatriotes de l’extérieur comme de l’intérieur qui nous soutiennent dans ce combat républicain. Nous saluons le professionnalisme de la presse Malienne surtout privée pour les entretiens qu’ils accordent ça et là à nos camarades pour édifier les populations maliennes. Nous nous inclinons devant les mémoires de nos camarades qui ont été rappelé à Dieu et nous prions Allah soubhana watalah qu’ils les accueille au paradis.

 Femmesplus: Quel appel ?

Ibrahim AG : Je lance un vibrant appel aux militantes et militants des syndicats SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC et COSES de rester mobilisés et très vigilants aux démons de la division.

Sans école pas de développement.

Entretien réalisé par Kadiatou Coulibaly