Violences basées sur le genre : les insidieuses

25 novembre - Journée de lutte contre les violences faites aux ...
Photo d’illustration

Un adage africain résume à lui-seul la disposition d’esprit violente dans laquelle les hommes sont moulés dans leur relation avec les femmes. Il dit en substance : au quotidien, la femme pose des actes pour lesquels elle doit être « frappée », mais c’est lorsqu’elle fait quelque chose pour lequel on doit la « tuer » qu’on doit là « frapper ». De telles pensées violentes, incitatrices à la barbarie envers les femmes, on en compte beaucoup dans la culture africaine et malienne, et elles passent inaperçues, et les femmes elles-mêmes en rient souvent. Pourtant, compte tenu du poids de la parole dans la culture malienne en l’occurrence, on doit aussi et surtout s’attaquer à de tels verbiages. Les violences verbales contre les femmes sont autant nuisibles et destructrice que celles qui sont physiques.

Koumbara est mariée à Baba, il y’a moins d’un an ; enceinte et à terme, elle multiplie les petits pas entre la chambre et le salon, suant à grosses gouttes lorsque ses contractions commencèrent vers la tombée du soleil. Ayant remarqué que son mari restait indifférent à sa douleur et qu’il se fait beau pour sortir, Koumbara s’approcha de lui, se tordant de douleur et se tenant les hanches et lui parla « je crois que mes contractions ont commencé ». La réponse qu’elle reçut lui fit oublier sa douleur et des vertiges s’empara de la jeune épouse. « Et alors, si tes contractions ont commencé que veux-tu que j’y fasse ? ». Malgré tout, elle espérait que son mari allait la soutenir. Quelle ne fut sa surprise lorsque Baba finit de se peigner les cheveux, prit sa moto et s’en alla sans même se retourner.

Secours des voisins

Cette action semble avoir accélérer les contractions de Koumbara qui commença à se tordre ; elle fit appel au mari de sa voisine en location qui chercha immédiatement un moyen de déplacement. Au moment d’aller à la maternité sa cousine fit irruption comme chez elle comme par enchantement. Koumbara accoucha d’un garçon qui n’a, malheureusement survécu qu’une seule nuit à cause de la souffrance fœtale, lui a-t-on dit. Le liquide qui protège le fœtus avait commencé à couleur sans provoquer de douleur depuis plusieurs jours déjà ; la jeune femme ne s’est pas rendue compte que c’était le signe de l’approche de l’accouchement.

Les moments de grossesses et de l’accouchement sont très révélateurs d’un type de violence à l’endroit des femmes.

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« Ta voisine est allée accoucher seule et toi tu es là à demander de l’aide…« 

Le mari de Nassira lui a fait une remarque qui lui est restée « ta voisine est allée accouchée seule à la maternité sans demander de l’aide mais toi tu veux qu’on t’y accompagne. Très marquée par cette reproche, Nassira est allée seule à la maternité très tôt le matin lors de sa grossesse suivante. Et c’est une aide-soignante qui l’a assistée dans une maternité de Bamako à accoucher.

Quelque-soit la gravité de la situation, certains trouvent toujours les moyens de vouloir trouver une justification. Ils commenceront par dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, que les comportements de ces deux époux ne sont pas gratuits… Qu’est-ce qui pourrait justifier ces attitudes dignes d’un crime de la part de ces conjoints ? Rien, absolument rien.

Le devoir d’agir des femmes et des organisations des droits humains

En plus des violences physiques dont les traces sont visibles et alertent, les femmes, les organisations de défenses des droits humains doivent s’attaquer à ces types de violence non verbales qui peuvent détruire tout autant sinon beaucoup plus les femmes. Ils n’ont d’autres but que d’avilir la femme, nuire à sa confiance en soi, la faire douter d’elle et de tout.

Aux jeunes filles, il est impératif de répéter que la violence, qu’elle soit verbale ou physique ne fait point partie de la vie de couple. Elles doivent dénoncer et refuser toute attitude de leurs conjoints tendant à les humilier.

L’éducation sociale des garçons

Les garçons ne doivent pas perpétuer les pratiques traditionnelles qui consistent à voir en la femme un être inférieur qu’ils peuvent maltraiter à souhait. Cette éducation incombe aux parents et cela suppose qu’eux-mêmes soient de bons exemples dans la société.

Ténin S.

Femme Plus

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