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Violences faites aux femmes : que faire pour lutter contre le phénomène ? Des Maliens se prononcent

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Beaucoup de cas de violences faites aux femmes de nos jours. Un contexte de crise socio-sécuritaire qui favorise la pratique, et les auteurs de ces violences sont autant des mariés et des célibataires. Qu’est-ce que la population malienne pense des violences faites aux femmes ? comment apprécient-elle le rôle des autorités et des associations maliennes dans la lutte contre e phénomène ? Notre reporter a posé la question à certains Maliens.
Sira Diarra, journaliste
Au Mali la violence n’est pas prise en compte comme il le faut, du à nos coutumes. Malheureusement, beaucoup de nos mamans, sœurs, et filles en sont les victimes aujourd’hui car tout est lié aux coutumes et religions. Si l’on sait qu’une femme meurt chaque jour à la suite de violences conjugales. Les résultats des enquêtes réalisées démontrent que l’ensemble des faits de violences (physiques, sexuelle, psychologiques) restent sous déclaré et donc, sous-évalué.
Qu’il s’agisse des différentes formes de violences au sein du couple, ou non, les données existantes sur les faits déclarés et les enquêtes de victimisation réalisées depuis 10 ans, révèlent que ces violences caractérisent leur ampleur et leur gravité ».
Je dirais que le pouvoir des associations est limité, hormis la prévention et l’accompagnement des victimes. Parce que, très souvent leurs efforts ne sont pas recomposés à sa juste valeur.
Je préfère ne pas me prononcer sur le coté des autorités car la corruption domine la vérité. Un pauvre n’a jamais raison en face d’un riche. L’argent reste le carburant du jugement ainsi de suite.
Je propose d’adopter une loi spéciale pour punir ces violences. Il faut une autorité compétente, des sanctions visibles et dures pour une bonne répression. Et surtout, il faut oublier les coutumes et les religions pour faire bien avancer les choses.
Mme Telly Awa Ouologem, enseignante
Pour lutter contre ces violences dans le couple, si tu vois que ça ne va pas du tout il vaut mieux que tu prends des mesures conséquentes. Par exemple, quitter ton foyer, afin d’empêcher que quelque chose de pire n’arrive que tous les deux pourront regretter. Même si ce n’est pas nos souhaits.
Les femmes doivent entreprendre quelques choses (les activités génératrices de revenus). Car, généralement ce qui amène des malentendus dans le couple, provoquant souvent des violences physiques, verbales, psychologiques. Si la femme demande quelque chose à son mari et qu’il refuse de satisfaire la demande. Dans ce cas, si la femme exerce des activités, alors elle sera en mesure de subvenir à ses besoins.
Les associations font de leur mieux, mais il faut plus d’initiatives et la concrétisation des efforts. Quant aux autorités, il faut qu’ils votent une loi pour bannir une fois pour toute, les formes de violence.
Mariam Sissoko
Les violences faites aux femmes ne sont aucunement à encourager. Il faut la conjugaison des efforts pour la lutte contre ce phénomène.
Je pense que les autorités et les associations font leur mieux pour ce combat même si ce n’est pas suffisant. Et, on doit adopter une loi pour punir ces violences.
Qu’en pensent les hommes ?
Adama Traoré
Les violences faites aux femmes sont de très mauvaises habitudes. Il faut comprendre que ces violences ont été ancrées dans les mentalités de certains comme une seule arme de dominance. Or, plus tu respectes ta femme, plus elle ne veut que ton bien.
Pour lutter contre les violences faites aux femmes, c’est un combat de longue haleine. Ce n’est pas dans la précipitation que l’on pourrait bouger les choses.
Les autorités et des associations font de leur mieux.
Abdrahamane Sissoko, journaliste
Il faut bannir toutes les formes de violence. Les violences faites à la femme symbolisent tout ce qui est pire dans le monde. On ne doit même pas exercer la violence sur un animal à plus forte raison sur la femme. Qu’elle soit faite sur la femme ou sur l’homme.
Les associations sont en train de jouer le rôle qui est le leur. Elles se battent nuit et jour pour dénoncer les violences faites aux femmes.
Il y a un peu le culturel qui est en train de prendre le dessus sur des lois qui punissent certaines fautes commises par les hommes sur les femmes. Mais elles sont à la traîne pour le moment.
Pour lutter contre ces violences, d’abord il faut éduquer les enfants, les inclure depuis à bas âge que la femme n’est pas leur esclave. Aussi, il faut jouer sur la mentalité, car pour certains hommes si tu ne frappes pas ta femme, elle ne va pas dans le droit chemin.
Et dans nos familles, dire aux hommes que la femme est un être humain comme eux, qu’elle a droit au respect, à toutes sortes de bon traitement. Qu’ils comprennent que la femme c’est leur sœur, leur fille, leur mère, leur épouse et non leur égal. Il faut sensibiliser la société malienne, les religieux.
Si vous voyez que vos chemins, vos points de vue sont différents, il vaut mieux se séparer. Quand on frappe une femme, on doit subir toutes les conséquences.
Jean Goïta, chef de famille
La violence faite à la femme, c’est une pratique qui date depuis la nuit des temps. C’est une pratique qui est sociale et une forme de discrimination à l’encontre du genre, à laquelle la femme se soumet.
Les associations et les autorités qui luttent contre ces violences faites aux femmes ne jouent pas leur rôle en tant que tel car il y a toujours l’impunité qui gagne du terrain et il faut sensibiliser la population sur le phénomène.
Il appartient à l’État de se donner tous les moyens de prioriser la lutte contre les violences faites aux femmes. Il appartient aussi aux femmes elles-mêmes de prendre à bras le corps leur destinée, à aller à la recherche du pouvoir à travers les urnes ».
Propos recueillis par Bintou COULIBALY