Babani Koné et Safi Diabaté : seules les montagnes ne se rencontrent pas

Qui l’aurait cru ? Les griottes Babani Koné et Safi Diabaté dans un même salon chantant pour une seule et même diatiki, en l’occurrence Diaba Sora. C’était le 30 mai 2022, jour de la fête d’Aid El Kébir.

Beaucoup en rêvaient au fond d’eux sans trop y croire. Voir Babani Koné et Safi Diabaté sur un même plateau. La réalité a fait mieux, elle les a réussies dans un même salon, c’est-à-dire encore plus près que sur un plateau de concert.

Deux griottes qui s’ignorent

Vu la différence d’âge entre les deux et surtout l’expérience, Safi Diabaté aurait pu être perturbée par la présence de son aînée Babani Koné. Mais elle a surpris par sa maitrise de soi, sa constance tout au long de sa prestation, bien sûr sans jeter un coup d’œil du coté de sa sœur.

Babani Koné, de son coté, est restée presque figée sur son téléphone portable comme pour marquer son indifférence, avec une mine serrée.

Que dire des deux paroliers, Bagui Diabaté et Adama Kamissoko qui les accompagnaient ? Simplement, chacun a honoré sa griotte.

Et au milieu de tout ce monde, on sent une Diaba Sora impartiale et généreuse qui aurait offert 1 500 000 FCFA à Babani Koné comme à Safi Diabaté. Pour d’autres, Babani aurait reçu plus que Safi Diabaté. N’est-ce pas un détail ?

Les témoins ont remarqué une différence entre les deux griottes.

Deux styles de voix et de musique différents

Babana Koné, comme on le sait, a choisi depuis des années d’imiter le ton griottique de Fanta Dembat N° 2 « Fanta Damba Djini » ; c’est donc une voix beaucoup plus lente, qui pour la nouvelle génération peut paraitre ancienne. Mais pour les connaisseurs qui ont écouté et aimé les griottes de l’après indépendance et même du temps Moussa Traoré, ce genre de voix musicale replonge dans le passé glorieux de l’art griottique.

Quant à Safi Diabaté, elle semble construire son style griottique autour du style mandingue revigoré par sa fougue et sa rage de s’exprimer. Naturellement, cela donne un ton convaincu et convainquant ; une confiance en soi indéniable.

Bref, chaque style a ses partisans ; ou plutôt chaque griotte a ses fans qui commentent selon leur préférence. Au-delà de la musique, cette rencontre a brisé un tabou.

Un conflit entre fans

Ceux qui s’emploient inlassablement à comparer la carrière et les gains de Babani Koné à celle de Safi Diabaté, montrent sans s’en rendre compte, la montée fulgurante de Safi Diabaté.

En effet, compte tenu de la différence d’âge et d’expériences entre les deux artistes griottes, il ne devrait pas y avoir de comparaison.

Ceux que les fans des deux parties devraient noter à l’issu de de cette scène, c’est que et Babani Koné et Safi Diabaté, toutes les deux ont du ressentir une gêne, un malaise.

Le moins qu’on peut dire, c’est que Diaba Sora a réussi une prouesse si imprévue soit-elle. Et si elle s’impliquait pour achever ce qu’elle a réussi à entamer ?

Osons croire en un apaisement des esprits au nom de l’islam dont les deux griottes sont adeptes et qui proscrit cette attitude qui consiste à s’ignorer.

La Rédaction