Interview de la 3e maire de la commune urbaine de Kayes Comment réussir en politique ?

 Interview de la 3e maire de la commune urbaine de Kayes  Comment réussir en politique ?

Interview de la 3e maire de la commune urbaine de Kayes Comment réussir en politique

Etre une femme politique au Mali, c’est en vouloir mordicus et surtout ne rien lâcher. Mme Macalou Mariam Seck NDiaye en est un exemple dans ce milieu hautement masculin. Comptable de formation, elle a enseigné pendant douze ans à Kayes après avoir suivi une formation accélérée en enseignement. Par quoi notre femme maire est-elle passée pour atteindre son objectif politique ?

Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de FemmePlus ?

Je suis Mme Macalou Mariam Seck Ndiaye, 3e maire adjointe de la commune urbaine de Kayes, élue en 2017. Je suis la première femme adjointe au maire à Kayes ; il n’y a pas eu de femme auparavant.

Je suis aussi présidente de l’association des femmes leaders de Kayes, présidente des élues femmes conseillères du Mali au niveau régional.

Comptable de formation, à cause du problème d’emploi a suivi la formation accélérée en enseignement, a enseigné pendant 12 ans au collège moderne Yelen de la 1ère à la 6e année.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager en politique ?

Je vois les autres femmes faire la politique, je me suis dit pourquoi pas moi, au moins pour pouvoir m’en sortir, être avec les autres. C’est ce qui m’a poussé à faire la politique.

Comment avez-vous procédé ?

J’aimais tellement la politique que j’ai d’abord cherché à connaitre le parti politique que je vais intégrer. J’ai commencé par le RPM (Rassemblement pour le Mali). Je n’étais membre d’aucun bureau, mais de temps en temps je me rendais au siège du RPM pour regarder comment les choses se passaient.

On m’interdisait de participer aux réunions parce que je n’étais pas membre du parti. Donc j’ai cherché à être membre en commençant à m’implanter au niveau de la base. J’ai donc mis un comité de base qui a été validé par le comité de mon quartier.

Puis lors du renouvellement du bureau, j’ai été membre de la sous-section de mon quartier. C’est partant de là, que je me suis retrouvée au niveau de la section. J’ai eu la chance d’être la présidente régionale des femmes du RPM à Kayes. Je suis restée avec le RPM pendant 15 ans.

Mais malheureusement, on m’a poignardée dans le dos, et récemment lors des élections législatives reportées, j’ai claqué la porte du RPM pour être candidate aux législative sur la liste du Parti Social-Démocrate Africain (PSDA) dont je suis actuellement la coordinatrice régionale des femmes à Kayes.

Qu’est-ce qui a favorisé votre élection aux communales de Kayes ?

Ce sont les femmes et les jeunes. J’ai essayé de mettre en place une coordination des associations  féminines de la commune de Kayes. Avec ce répertoire des femmes, chaque fois, je faisais des rencontres avec les femmes et les jeunes dévoués. Je suis allée me confier aux femmes et aux jeunes, raison pour laquelle j’ai eu cette place d’élue communale.  On ne cesse  d’organiser des réunions, des matchs de football, jusque-là ces femmes et ces jeunes sont derrière moi, même après ma démission du RPM.

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans votre parcours politique ?

Le plus difficile, ç’a été l’élaboration des listes électorales, ça n’a pas été facile parce que je restais dehors jusqu’à des heures tardives pour qu’au moins tout se passe devant moi. Si tu n’as pas cette disponibilité, les hommes font exprès de repousser les réunions aux heures tardives pour que les femmes se découragent. Moi j’avais le courage, je suis restée à côté des hommes, même si on organisait les réunions du soir jusqu’à l’aube, je restais sur place.

Une fois, on faisait la liste des élections communales, j’étais 5e sur la liste, je suis rentrée à la maison avant qu’on ne termine avec le reste de la liste. A ce moment la commune de Kayes comptait 33 conseillers. 

Le matin, j’ai trouvé qu’on m’a reléguée jusqu’à la 25e position. C’est depuis lors que j’ai décidé de rester sur place jusqu’à la fin. A vrai dire, il faut être disponible pour faire la politique, chaque fois on te poignarde. C’est ce que j’ai remarqué.

Aussi je veux dire aux femmes qui veulent faire la politique, les hommes ne vont jamais céder la place aux femmes. C’est à la femme d’attacher la ceinture pour chercher sa place, sinon on ne va jamais nous céder la place en matière de politique.

Comment votre conjoint a-t-il accueilli votre engagement politique ?

Ça n’a pas été facile, pas du tout ! J’ai eu beaucoup de problèmes avec mon mari, parce qu’à chaque fois que je rentrais à la maison, mon mari ne me considérait pas, ne me parlait pas pendant une semaine, je faisais tout pour calmer les choses. Mais grâce à Dieu je suis toujours dans mon foyer. Aujourd’hui, mon mari a compris mon engagement, il a compris que je visais un objectif que je devais atteindre.

Quelle est votre mission en tant que femme maire ?

La femme maire a une grande mission, elle doit connaitre  les actions à poser dans le cadre du développement, surtout je suis maire en charge des finances, donc, je m’occupe des ressources de la commune.

Avant d’être maire, je croyais qu’un maire devait sortir de l’argent de sa poche pour faire face aux besoins de la commune.

C’est quand j’ai été élue maire, que j’ai su que c’est avec les taxes communales que la mairie peut fonctionner. Donc il faut vraiment s’intéresser à certaines choses pour connaitre la réalité de sa commune. Moi ma mission, c’est satisfaire ma population, chercher et donner des opportunités aux femmes. Il y’a beaucoup de femmes qui ne connaissent pas leurs droits et leurs devoirs, c’est à cela que je réponds en ce moment.

Rester à côté d’elles, faire la restitution pour leur permettre de connaitre leurs devoirs et leurs droits. Auparavant, les femmes ne payaient pas leur TDRL, aujourd’hui, avec la sensibilisation beaucoup ont su pourquoi elles devraient s’acquitter de ce devoir, quelles sont les femmes qui ne doivent pas payer ces taxes, etc. On ne peut pas faire face aux besoins des populations tant que ces taxes ne sont pas payées.

Depuis que je suis élue communale, je communique davantage.

Quels problèmes les femmes rencontrent-elles en politique

Les femmes ont des problèmes, surtout avec leurs maris, parce qu’elles se disent que si elles s’y engagent, leurs maris vont divorcer, et elles vont se retrouver célibataires.

Et pourtant, il faut que les femmes s’intéressent à la politique car tout ce qui se fait en notre absence ne sera pas de notre goût. C’est pourquoi je demande aux femmes de participer à la résolution des problèmes de leurs communes.

Interview réalisée par Mouna

Mouna

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