« Une femme formée, informée, sensibilisée qui veut mener des activités génératrices de revenus, si elle n’est pas protégée, en sécurité, c’est un problème »

 « Une femme formée, informée, sensibilisée qui veut mener des activités génératrices de revenus, si elle n’est pas protégée, en sécurité, c’est un problème »

L’une des choses les plus recherchées au Mali c’est incontestablement la paix. Ce qui suscite des initiatives comme celle du Réseau des femmes pour la consolidation de la paix (RECOPA), créé en 2018. Sa nouvelle présidente, Samaké Loda Coulibaly, nous parle des objectifs et perspectives de son regroupement.

Qui sont les femmes qui composent le RECOPA ?

Samaké Loda Coulibaly : Le RECOPA est composé des femmes de profils différents : femmes des organisations de la société civile, des partis politiques, entrepreuneures, du monde culturel.

Quel est l’objectif visé par votre réseau ?

Samaké Loda Coulibaly : L’objectif, c’est une forte implication des femmes au processus de consolidation de la paix. Il y’a beaucoup d’aspects à prendre en compte : développement, sensibilisation. Nous travaillons beaucoup avec les femmes qui sont nos cibles primaires. Comment les femmes peuvent s’impliquer dans le processus de consolidation de la paix ? Pour cela, il faut être renforcé, informé pour pouvoir s’impliquer. Donc, nous travaillons sur la sensibilisation à travers les causeries-débats, la formation. Il y’a aussi un axe sur les activités génératrices de revenus (AGR) parce que beaucoup de femmes mènent des activités non formelles ; elles ont besoin d’être accompagnées. Nous travaillerons sur cela également.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cette mission ?

Samaké Loda Coulibaly : nous rencontrons beaucoup de difficultés ; d’abord en tant que femme et en tant que jeune, ce n’est pas évident d’avoir une équipe-genre féminine. Mais nous continuons à être disponibles pour nos communautés qui ont réellement besoin de nous en tant qu’acteurs de développement. D’autres défis, c’est aussi la question financière parce que le Mali est vaste ; quand on veut vraiment toucher la base, il faut se donner les moyens.

Imaginez ! Le bureau du Réseau siège à Bamako, nous avons des bénéficiaires dans les régions ; ce n’est pas évident même s’il y’a la volonté d’aller à la rencontre de ces bénéficiaires. Aussi, lors des séances de sensibilisation, des bénéficiaires nous demandent des moyens pour résoudre les problèmes qu’elles rencontrent dans leurs localités. Et souvent, ce n’est pas à notre portée. C’est aux gouvernants de venir en aide pour ces besoins ; nous menons des actions de plaidoyer dans ce sens parce qu’après chaque projet, nous partageons les recommandations des activités réalisées avec les autorités. Que ce soit avec les ministères parce que ce sont eux qui peuvent faire face à certaines difficultés des populations, et ce sont eux qui tardent souvent à être sur le terrain. C’est le gros souci car une femme informée, sensibilisée qui veut mener des activités génératrices de revenus si elle n’est pas protégée, si elle n’est pas en sécurité, c’est un problème.

Il faut que l’Etat parvienne à faire face à ces droits régaliens qui pourraient rassurer la population et leur permettre de vaquer à leurs occupations

Quelles sont les perspectives du réseau ?

Samaké Loda Coulibaly : Nous voulons aider beaucoup de femmes dans le domaine des activités génératrices de revenus ; que ça soit dans le commerce, l’élevage, toutes les petites activités que les femmes mènent au niveau local pour subvenir à leurs besoins

Souvent, même si nous les formons, elles ont besoin de moyens financiers et matériels pour pouvoir commencer à travailler réellement.

Nous cherchons des partenaires qui nous aident à soutenir ces femmes à pouvoir mener leurs activités

Il faut aussi la sécurité pour que nous puissions toucher les bases réelles de notre pays, par exemple du centre jusqu’au nord, souvent ce n’est pas évident en tant qu’OSC, ONG, d’aller à certaines localités pour pouvoir mener des activités ; alors que nous voulons toucher le maximum de femmes où qu’elles se trouvent, pour qu’elles puissent bénéficier de nos services.

Comment les femmes peuvent-elles contribuer à la paix au Mali ?

Les femmes ont beaucoup à apporter au processus de paix parce que la femme est l’artisane de la paix, elle a l’intuition rapide des évènements violents, Donc on ne peut pas résoudre le problème de paix sans l’implication des femmes. Il faut qu’elles se donnent le temps de s’informer, se former pour s’impliquer réellement dans le processus de consolidation de la paix dont le Mali a fortement besoin. Il faut que les femmes s’engagent dans ce sens.

Entretien réalisé par T.S.

Femme Plus

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